Réussir à jouer par coeur

Piano cardio

6 conseils pour réussir à jouer par cœur

Que penseriez-vous d’un comédien qui, au cinéma ou sur scène, jouerait en lisant son texte ? Vous vous diriez probablement qu’il ne rentre pas dans la peau du personnage et vous auriez raison. En musique, c’est la même chose. Pour bien interpréter une œuvre, il faut pouvoir s’exprimer avec le maximum de liberté et donc ne pas être encombré par la lecture.

Jouer par cœur, c’est aussi gagner de la confiance en soi et avoir la liberté de jouer en n’importe quelle circonstance.

Par exemple, imaginons que vous êtes invité chez des amis et que l’on vous demande de jouer du piano. Bien-sûr, vous n’avez pas de partition avec vous. Mais, comme vous connaissez plusieurs morceaux par cœur, cela ne vous posera aucun problème et vous pourrez partager avec eux un bon moment d’émotion musicale.

Jouer par cœur, cela s’apprend.

Vous pensez ne pas avoir de mémoire et qu’il est impossible pour vous de jouer sans partition. Il n’y a pas de fatalité. Suivez mes conseils et, si vous voulez vraiment jouer par cœur, vous y arriverez.

Au préalable, il peut être intéressant d’essayer de vous connaître un peu mieux. Cela permettra éventuellement de déceler certains obstacles vous empêchant de mémoriser la musique.

Posez-vous la question de savoir pourquoi la présence de la partition vous est indispensable. Les raisons peuvent être, entre autres :

  • un manque de confiance dans sa propre mémoire
  • la peur du regard d’autrui
  • un besoin de sécurité (la partition étant comme un garde-fou face au vide angoissant du « par cœur »)
  • une difficulté à oser

On retrouve là des similitudes avec les causes du trac.

Mes conseils :

1 – Analyser

Comme avant de partir en voyage on en étudie le trajet sur un plan, une analyse de la partition vous permettra de mieux y circuler et d’en mémoriser les trajets, obstacles et autres curiosités.

Essayez de repérer la construction de l’œuvre, les thèmes, les répétitions et les similitudes rythmiques ou mélodiques, les tonalités, etc. N’hésitez pas à annoter la partition, à en faire le plan en notant les parties (A, B, A, …) et les sous parties.

 

2 – Chanter

Chanter le plus possible ce que vous jouez. Chantez chaque mélodie. Chantez ce que joue chaque main. L’idéal, c’est de réussir à chanter avec le nom des notes, cela fixera dans votre mémoire l’association entre les sons et le nom des notes. Nous retenons beaucoup plus facilement un texte (poésie ou autre) lorsqu’il se présente sous la forme d’une chanson. Essayez également de chanter à la vitesse définitive du morceau.

3 – Photographier

La mémoire la plus évidente et la plus sollicitée dans notre vie est probablement la mémoire visuelle. Sans jouer, au repos, essayez de visualiser mentalement le début de la partition, le titre, les diverses indications et les premières mesures. Projetez cette image mentale sur un mur ou en fermant les yeux.

Retournez vers la partition pour mémorisez de la même manière les mesures suivantes, par petites sections. Photographiez ensuite chaque page. Notez que cette mémorisation sera plus efficace si elle intervient après avoir effectué les 2 étapes précédentes.

N.B. : certains musiciens vérifient leur mémorisation en recopiant (de mémoire) la partition. Si, si…

4 – Sentir

Concentrez-vous sur la mémoire tactile. Pour cela, jouez les yeux fermés. Vous commencerez avec un court fragment puis, petit à petit, vous essayerez de jouer des passages de plus en plus long. En supprimant un des 5 sens, jouer les yeux fermés permet de se concentrer sur l’ouïe et le toucher.

Les différents mouvements du corps (déplacements des doigts, des mains et des bras) seront ainsi mémorisés en tant que sensation. Je vous conseille également de faire ce travail avec chaque main séparée. A terme, vous devriez être capable de jouer par cœur chaque main séparément.

5 – Imaginer

Essayez de comprendre l’esprit de l’œuvre (et du compositeur). En tant qu’interprète — faites le parallèle avec le théâtre — vous pouvez raconter une histoire au public grâce à votre jeu. Chaque groupe de notes, chaque phrase doivent résonner affectivement en vous.

Laissez votre imaginaire se développer au fil du morceau. Vous mémoriserez mieux ce que vous avez à jouer en l’associant à une histoire, une courte scène, un paysage, etc. Voici quelques pistes pouvant servir de support à votre imagination :

  • un lieu dans la nature (paysage, jungle, montagne, ruisseau, mer, etc.)
  • une situation climatique (neige, pluie, vent, etc.)
  • une saison
  • vous êtes chef d’orchestre (il y a des instruments différents sous vos doigts, des solistes…)
  • une dispute suivie d’une réconciliation
  • une cérémonie princière
  • une course de vitesse
  • une pièce de théâtre
  • un rêve

6 – Répéter

Ce n’est pas par hasard que l’on nomme les séances de travail en musique des « répétitions ». Il en est de même pour la danse et le théâtre. En sport, on parle d’entraînement. Répéter régulièrement, pratiquer encore et encore, tels sont les secrets de la réussite en musique.

Plus vous pratiquerez, plus vous imprimerez des chemins entre votre cerveau et vos doigts. Au fil des répétitions, ces chemins deviendront des routes, des avenues, puis des autoroutes !

Ainsi, sans y penser, nous utilisons chaque jour notre mémoire corporelle (ou neuronale) pour marcher ou conduire une voiture. Nous acquerrons des réflexes grâce à la répétition de nos gestes. Pour réussir à jouer par cœur, il est indispensable que vous répétiez souvent et régulièrement votre morceau (avec intelligence, cela va de soi) .

En appliquant ces conseils, vous activerez ainsi 6 sortes de mémoires pour apprendre par cœur :

Par coeur